On y est ! Le « gigantesque » hôtel de ville, dixit le Parisien, est livré. Faut que ça brille et faut mettre les petits plats dans les grands… Faut qu’on se le dise. Faut que ça se sache partout en France et en Navarre.
Alors, plan de com. oblige, une campagne d’affichage, un « Noisy Mag » tiré à part et des vœux du maire au top niveau ! Pensez –donc, il se murmure qu’aux côtés de Michel, Manuel et Claude, ils seront bien 2000 à profiter de l’instant. Faut bien reconnaitre que dans le monumental, on en a mis un coup du côté du clan majoritaire. Non, non, je ne parle pas de l’escalier qui domine la Marne ! Non, je parle des multiples roulements de grosse caisse pour annoncer l’évènement et de la précipitation à le faire coller avec les vœux du Maire, et accessoirement du conseil municipal, vous noterez la nuance… Jusqu’à ce dimanche enneigé où de courageux et motivés employés municipaux s’employaient à dégager l’esplanade et les jeux d’eau pour l’installation d’une superstructure toilée avant les dits vœux… Manque de pot, la neige pourrait continuer de tomber, les dieux seraient donc contre nous !
Auparavant, fallait voir sur le boulevard Pambrun, comme on s’activait ces derniers jours du côté des entreprises …de main-d’œuvre qui, bonne aubaine pour elles par ces temps de crise et c’est tant mieux, mettaient la main à la pâte des finitions pour respecter les délais… des vœux du Maire. Y-a des rendez-vous symboliques qu’il ne faut pas louper, tant pis d’ailleurs pour les risques de loupés ! Car les conditions de travail, le long de la chaussée, encombrée, certes, ne semblaient pas, elles, au top. On les a bien vu les ouvriers, travailler de part et d’autre de la chaussée, avec le souci évident de bien faire, mais dans des limites bien approximatives, c’est du moins l’opinion d’un pékin moyen, de sécurité… puisque la circulation n’était pas interrompue et que la maréchaussée, municipale comprise, n’était pas là pour réguler le trafic. Pas de pépins ? Parfait…
Mais bon, tout cela est derrière nous dorénavant. L’essentiel, c’était la livraison dans les délais impartis, ceux des hôtes majoritaires du Château Périac s’entendent ! Allez, foin de mauvaises pensées, foin du faire et du paraitre, parlons du fond.
Une nouvelle mairie ? Nous étions et sommes de ceux qui pensent qu’il en fallait une et que la centralité du vieux Noisy n’était pas une mauvaise idée en soi. Donc, le reproche d’un persiflage inutile qui nous serait adressé ne serait pas le bienvenu (nous ne parlerons pas du stationnement et de Vinci, c’est promis…).
Nous étions pour cette opération pour une raison très simple : depuis plus de trente ans, des services de la vie scolaire en passant par plusieurs services techniques, on devait se contenter de préfabriqués. Il était donc plus que temps, et que Michel Pajon soit à la manœuvre ne change rien à l’affaire, de doter Noisy le Grand d’un hôtel de ville à la hauteur des services à rendre à la population. Il était donc plus que temps que les employés municipaux de cette ville obtiennent une amélioration de leurs conditions de travail, le tout en faveur des noiséens et de leur accueil. Cette optimisation, sans doute réussie, ne supporte donc pas la critique… Il y avait nécessité.
Non, c’est ailleurs que se glisse notre mauvais esprit. On passera sur les surcoûts de l’opération, gonflés au passage par le Parisien mais réels. On passera sur la facile opération de communication qui laisserait croire que le sauveur suprême s’est arrêté sur notre bonne ville de Noisy le Grand et que sa vision d’un monde noiséen nouveau s’est enfin posée sur nous mais on ne passera pas sur le « trompe l’œil », l’opération qui habille la façade mais ne change rien au fond.
Trompe l’œil ? Mais oui, trompe l’œil que d’expliquer dans la presse que la ville ne peut pas scolariser des enfants Roms dans de bonnes conditions (sans parler de les nourrir au tarif hors commune, donc le plus cher…), tout comme à Champs sur Marne où l’on renâcle sur la scolarisation ou Ris-Orangis maintenant au prix d’un discours de gauche décevant, alors même que la ville de Noisy le Grand, passez-moi, l’expression, « dégueule de fric ».
Il suffit pour cela de constater les excédents successifs du budget de fonctionnement et de voir le niveau d’investissement que défend fièrement le maire, pour en juger…
Parbleu, encore 25 millions d’euros d’excédent de fonctionnement en 2011 (ce qui n’empêche pas les services noiséens d’augmenter régulièrement à grands coups d’inflation votée annuellement par la majorité) ! Pas mal, non ?
Bien évidemment, me dira notre édile préféré, faut bien s’autofinancer sans trop s’endetter – ce qui n’est plus aussi vrai, semble-t-il, puisque la dette par tête de pipe a augmenté (oui, on sait, par rapport à d’autres villes de même taille, cela reste raisonnable…).
Mais c’est justement là où le bât blesse ! Même si de nombreuses opérations sont en cours (piscine, ferme, etc…, mais très peu pour la voirie), la question des moyens financiers de notre ville ne se pose pas… Elle en a et des confortables – au point où, lors d’un conseil municipal récent, le maire a tenu à me rassurer en me disant que la ville pouvait se payer le luxe de patienter deux ou trois ans avant de vendre le foncier qu’elle a acquis à grands renforts d’acquisitions amiables ou de préemptions ces dernières années, en attendant que le marché de l’immobilier s’améliore - ce qui, chacun peut le constater, est loin d’être le cas avec la politique récessionniste que l’on nous impose au plan national, règle d’or oblige.
Noiséens, jugez-en, depuis au moins dix ans, c’est de 8 à 12 millions d’euros par an selon nos estimations qui passent dans les acquisitions foncières !
Trompe l’œil, donc que le refus implicite de créer des logements passerelles ou intermédiaires pour les familles expulsées ou sans solution d’hébergement. Trompe l’œil que de refuser, depuis trois ans déjà, la création d’une cellule de veille sociale rassemblant toutes les composantes du conseil municipal et les associations de solidarité noiséennes et répondre ainsi au plus près des besoins qui seront inévitablement recensés.
Trompe l’œil encore, que de ne pas vouloir organiser un débat serein et apaisé dans notre ville avec les services de l’État, du Conseil général et des communes voisines, sur l’installation de bidonvilles, ici où là, aux entrées de notre ville. Et que l’on ne se trompe pas, nous non plus, sur cette question ! Il ne s’agit pas que des bidonvilles construits à défaut de mieux par les familles Roms mais aussi du traitement de la pauvreté et du logement dans nos villes. Pas du faux logement social dont la majorité municipale nous bassine régulièrement. Le vrai ! Celui auquel 30 % des noiséens seraient éligibles selon le diagnostic du Plan Local de l’Habitat voté par le même groupe majoritaire. Et pour cela, il faudrait une volonté de l’État, relayée par les communes, qui, pour l’instant, n’est pas encore au rendez-vous quoiqu’en dise Mme Duflot…
Trompe l’œil, enfin, que le prétexte de l’installation précaire des familles Roms pour lesquelles on ne pourrait rien faire d’autre que de les expulser de ville en ville alors même – et c’est vérifiable par chacun(e) d’entre nous – que des campements de sans logements existent depuis plusieurs années dans nos communes sans que l’on semble s’en émouvoir du 94 au 93 ou du 93 au 94. Regardez à gauche en sortant de l’autoroute au Mont d’Est, sortie Villiers sur Marne, en face du vendeur de Smart ! Bienvenue dans notre ville, Monsieur Vals, Ministre de l’Intérieur, bienvenue Monsieur Bartolone, Président de l’Assemblée Nationale et ancien président du Conseil Général du 93, justement…
Alors une dernière question … Ne donnera-t-on pas à voir un Trompe l’œil indécent avec le gaspillage évident que les futurs vœux de la municipalité, mercredi prochain, vont provoquer ?
Tout ça pour ça, Monsieur le Maire ? Tout ça pour faire part à la Seine-Saint-Denis de la fierté des noiséens incarnée par vous-même et la majorité municipale ?
A l’évidence, je ne serai pas présent à la traditionnelle cérémonie des vœux du conseil municipal. J’ai trop de doute sur l’habillage !
Avec mes meilleurs vœux, néanmoins.
Etienne Doussain
Conseiller municipal "Noisy Solidaire, à gauche vraiment !"