Le canton de Noisy-le-Grand / Gournay-sur-Marne n'a pas brillé. Pas brillé par la mobilisation de ses électeurs et vraiment pas brillé par ses résultats.
Avec 68,22% d'abstention au premier tour, soit 13326 électeurs de moins, puis 62,09% au second, soit 12425 électeurs en moins pour un corps électoral qui a progressé de 6197 personnes, notre canton va bien au-delà de la moyenne nationale. Phénomène urbain, sans doute, puisque la plupart des grandes villes s'illustrent en la matière mais la Seine-Saint-Denis pulvérise les records...
Décalage croissant entre la soi-disante "élite" politique, les institutions et la population, l'abstention massive ne peut être interprétée que comme la seule marque d'un désintérêt. Il y a de la protestation dans ce refus de voter. Ne pas en tenir compte, c'est prendre le risque d'accentuer la coupure entre les élus et leurs mandants. C'est confirmer que la légitimité de nos représentants sera inévitablement mise en cause, jour après jour.
On a beaucoup glosé sur le vote Front National alors que les grands médias ont préparé opiniâtrement le terrain d'une prétendue réussite. Rappelez-vous le feuilleton népotique du passage de relais entre le père et la fille... mais rappelez-vous aussi que la politique Sarkoziste a atteint ses véritables limites. Pourquoi, en effet, prendre la copie alors que l'on peut prendre l'original ? Après avoir mené méthodiquement une politique d'exclusion où la désignation de boucs émissaires a servi de prétexte en permanence, on a banalisé les thèses nauséabondes et fausses du Front National. Le débat bidon sur une laïcité qu'il faudrait revisiter à propos d'un Islam de France participe de la même méthode. Or sur ce sujet, les élus locaux n'ont pas forcément brillé, eux non plus, pour respecter un culte qui, bien évidemment, a droit de cité, en toute indépendance. La situation de Noisy-le-Grand depuis 1995 le confirme largement...
A diaboliser constamment pendant des mois, sinon des années, on arrive sans problème à se faire "siphonner" les électeurs les plus ultras. Pour autant, l'analyse du résultat du 1er tour amène plus de circonspection puisque l'écart cumulé des voix de l'extrême droite entre 2004 et 2011 révèle une baisse de 39 votants sur le canton alors que le nombre d'électeurs a cru de 6197 personnes entre ces deux années. Par contre, il est incontestable que des électeurs de l'UMP ont décidé de franchir le pas en votant au second tour pour le FN et son candidat virtuel. 1617 d'entre eux l'ont fait et affichent, c'est le moins que l'on puisse dire, leur accord futur pour un rapprochement entre la droite dite républicaine et l'extrême droite xénophobe. Scénario italien ou autrichien ? Il est trop tôt pour le dire mais c'est une question que la Gauche dans sa diversité ne pourra pas éluder.
Dans notre canton, le candidat de l'UMP pourra pleurer encore et encore, le résultat est sans appel. C'est moins 1005 voix entre deux élections comparables, au point de se faire dépasser de 68 voix par le FN...le tout, alors que le Modem-UDF n'était pas dans la course, cette fois-ci, même si, bien entendu, il n'était pas écrit que ses électeurs allaient voter UMP...
La Gauche dans tout cela ? Elle perd bien qu'ayant gagné !
Qu'on en juge, avec 6197 électeurs supplémentaires sur les deux villes du canton, le PS, rassemblant en son nom les Verts et le MRC des Chevènementistes, ne recueille que 5321 suffrages au 1er tour en lieu et place des 8858 obtenus par ces trois formations en 2004. Moins 3537 voix, une paille !!! Trois fois plus que l'UMP. Peut-on dire pour autant que d'autres sont mieux lotis ? Pas vraiment, puisque la dynamique unitaire FASE-NPA-PCF-PG accuse un recul de l'ordre de 200 voix par rapport à 2004 en cumulant les résultats du NPA et PCF cette année-là. Evidemment, on peut se satisfaire, à juste titre d'ailleurs, du maintien d'une dynamique utile dans la foulée des dernière municipales avec "Noisy Solidaire, A gauche vraiment !", mais pas encore de quoi pavoiser. Seul, le POI recueille 60 voix de plus d'une élection sur l'autre. Pas de quoi pour autant annoncer un rééquilibrage au sein de la gauche !!!
Non, le résultat ne fait aucun doute, l'abstention frappe indistinctement et montre bien qu'une autre façon de faire de la politique doit naitre. Pas forcément, d'ailleurs, qu'avec le seul moyen des urnes, comme l'a bien démontré la lutte contre la réforme des retraites ou les nombreuses contestations en cours, qu'elles soient pour la santé, la justice ou écologistes avec le contrôle de l'eau, le nucléaire ou les gaz de schiste.
Personne ne pourra faire l'impasse sur la nécessité d'une véritable dialogue social, contradictoire évidemment, mais constructif d'un bien commun, le vivre ensemble. A défaut, l'exclusion et le FN ont de beaux jours devant eux... et nous, nous ne le voulons pas !
Le nouveau conseiller général (un troisième mandat n'est pas vraiment le symbole de la nouveauté !!!) a eu raison de le dire publiquement un soir de deuxième tour : il faut qu'il soit un élu de proximité... mais, mieux encore, qu'il rende compte et qu'il construise son mandat avec la population qu'il doit "représenter".
Il n'est pas de sauveur suprême, l'abstention le prouve avec violence ! D'autant plus en accusant une perte de 2105 voix au second tour, même si 4164 électeurs supplémentaires ont porté leur suffrage sur son nom contre le FN.
Les limites du chantier politique sont claires et nettes. Si, à l'avenir, les organisations politiques, la gauche ayant notre préférence, ne sont pas capables d'inventer d'autres pratiques, au côté, ou plutôt de concert avec celles des organisations syndicales et associatives, le refus de vote continuera de prospérer dramatiquement. Derrière lui, le spectre de la faillite des institutions pourrait avancer dangereusement.
Citoyens, à nous de jouer...pour un retour vers un autre futur.