Banlieues :
Qui joue avec le feu ? A Marseille, une jeune étudiante, gravement brûlée lors d'une attaque de bus, est entre la vie et la mort. Il s'agit d'un acte délibéré de violence criminelle, inqualifiable, inexcusable. Ses auteurs, comme ceux de tous les actes de cette nature, doivent être poursuivis et condamnés. Qui se cache derrière les cagoules? Il faut aller jusqu'au bout. Il faut chercher, arrêter et punir les coupables de ces faits intolérables. Il faut trouver qui se cache derrière les cagoules. Et qui inspire ou manipule ces criminels. Aucune hypothèse ne doit être à priori écartée. Car enfin, il est pour le moins étrange qu'au même moment, dans plusieurs endroits, des gens opèrent exactement de la même façon, usant des mêmes méthodes. Rien à voir ici avec des coups de colère. On a assisté ces derniers jours à de véritables opérations commandos cherchant non plus seulement à détruire mais à tuer. Alors, la question qui se pose inévitablement est bien : qui organise? qui tire les ficelles?
A quoi joue le gouvernement? Le ministre de l'Intérieur fait des effets de muscles, insulte la jeunesse, stigmatise les populations des quartiers et provoque. Mais sa politique d'escalade de la violence est un échec total. Un an après les émeutes ? de l'automne 2005, aucun problème n'est réglé. Et surtout pas celui de la sécurité. Tout a empiré. Mais n'est-ce pas ce que cherchent de Villepin et Sarkozy? Ne sont-ils pas en train d'essayer de nous rejouer le scénario de 2002, où la sécurité avait dominé les présidentielles, occultant tous les autres enjeux sociaux et économiques? Sécurité : aux grands maux, les grands remèdes S'attaquer aux problèmes de fond
On parle des problèmes des banlieues comme s'il s'agissait d'un monde à part. Ce n'est pas vrai. Ce qui se passe en banlieue, et dans certains quartiers de nos villes, c'est que, depuis 30 ans, on y laisse s'accumuler tous les problèmes. On les y rejette. On les y concentre. Et on les laisse sans solutions.
Alors que l'échec scolaire est véritable enjeu national, il se traduit en banlieue par une exclusion massive des jeunes des circuits de formation. Alors que l'emploi taraude tout le pays, il prend en banlieue les proportions d'un chômage de masse. Alors que la crise du logement est partout sensible, elle constitue en banlieue un drame insupportable. Alors que l'insuffisance du pouvoir d'achat limite les moyens du plus grand nombre, il engendre en banlieue une explosion de misère et nourrit une pauvreté endémique. A situation exceptionnelle, moyens exceptionnels
On ne règlera rien durablement si on ne s'attaque pas à ces problèmes. Et précisément parce que la crise des quartiers a pris des proportions exceptionnelles, c'est un effort exceptionnel que les pouvoirs publics doivent fournir. Il faut rattraper le retard, ces décennies d'abandon, impardonnable, dont souffrent les banlieues. Il faut avoir le courage politique de concentrer dans les quartiers défavorisés des moyens considérables pour l'école, le logement, la santé, les services publics. Sur chaque enjeu, il faut mobiliser des forces d'une ampleur exceptionnelle, un vrai plan d'urgence. Certains parlent de Grenelle, de plan Marshall des banlieues. Peu importe les mots. Ce qu'il faut, enfin, ce sont des actes. Cesser de jouer avec la sécurité Vivre en sécurité est un droit. La question doit cesser d?être utilisée à des fins politiciennes. A chaque acte de violence, Sarkozy hausse le menton et annonce l'arrivée de deux compagnies supplémentaires de CRS. Il se fiche de nous. Le problème n'est pas de balader les forces de police d'un endroit à l'autre. Il faut augmenter les moyens de la justice et de la police, et surtout, les affecter à des missions qui apportent de vraies solutions. Développer la police de proximité, plus proche des habitants, plus citoyenne, plus efficace. Donner la priorité aux politiques de prévention, notamment par le développement des moyens humains de l'action sociale, de l'activité des associations. Mettre beaucoup plus d'adultes dans les établissements scolaires. Assurer l'accompagnement des jeunes hors de l'École. Aider les familles au lieu de les stigmatiser. Ce qu'il faut, pour la sécurité comme pour le reste, c'est se donner vraiment les moyens nécessaires. Parti Communiste Français novembre 2006